titre fortune critique 1970-2012

Les annales n°8, 2006 drapeau anglais

Boris Taslitzky, texte de Georges Besson
Appelé à composer un éloge de Boris Taslitzky, je fus tenté de m'identifier à quelque vicomte recevant sous la coupole un autre vicomte : « Vous naquîtes à Paris, le jour des saints Pierre et Paul, l'un des patrons de Brueghel dit l'Ancien, l'autre de Véronèse, l'un et l'autre de Rubens. Et vous me permettrez, Monsieur, dût votre modestie en souffrir, de voir l'une de mes conjonctions astrales propices à la manifestation d'un génie qu'avait pressenti notre, cher et regretté Lucien Simon dont vous fûtes, Monsieur, le disciple en ce haut lieu de la tradition française qu'est notre École Nationale des Beaux-Arts. »

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Entretien avec Boris Taslitzky sur Le Salon des Peintres Témoins de leur Temps (1952 – 1968), par Isabelle Rollin-Royer

Isabelle Royer : Vous avez parfois exposé au Salon des Peintres Témoins de leur Temps. Vous avez également écrit à propos de ce Salon.
Boris Taslitzky : Je n'ai pas beaucoup de souvenirs du Salon des Peintres Témoins de leur Temps. Dans La Nouvelle Critique, j'avais dit beaucoup de bien du tableau d'un peintre, j'ai reçu une lettre me remerciant. Deux ans après, j'ai reçu une autre lettre demandant à M. Lemarchex de passer à son atelier, j'ai fait répondre par La Nouvelle Critique, qu'on ne se souvenait plus de moi, que j'avais disparu. Un jour, je rencontre ce type des années après, je lui dis : « Tu sais,Lemarchex n'a jamais existé ! ». Il était furieux. On s'était connus élèves à l'École des Beaux-Arts et on ne s'entendait pas du tout. C'était à l'époque où je participais encore activement.

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Les annales n°11, 2009

Boris Taslitzky peintre et écrivain d'art, texte d'Isabelle Rollin-Royer
En 2006, le n° 8 des Annales, consacre un important dossier « La passion de la peinture », au critique d'art George Besson et au peintre Boris Taslitzky. L'ensemble donne à envisager les relations de l'artiste avec ceux, qui, parmi les plus grands, l'ont soutenu et aimé. George Besson, Francis Jourdain et bien entendu Louis Aragon.
Ce recueil propose, entre autres images, la reproduction, noir et blanc, d'une œuvre de Boris Taslitzky
Boris Taslitzky – Trois figures de l'artiste autour de sa mère (1931)
, malheureusement disparue et dont les dimensions ne sont pas connues. Il s'agit d'une peinture de jeunesse. Son auteur a alors vingt ans et se représente en un triple autoportrait : le peintre, le poète et le sculpteur entourent la figure centrale de la mère de l'artiste. Le peintre est le seul à fixer le spectateur. Le regard des autres doubles, ainsi que celui de la mère du trio complémentaire, se perdent dans le vague d'un hors champ qui disperse la composition à l'extérieur des limites de la représentation. Les choses, déjà, sont dites. Elles concernent le rêve éveillé d'un pouvoir d'universalité créatrice. Mais, en même temps qu'elles sont posées, elles échappent : le spectateur ne peut observer simultanément tous les protagonistes de la scène, il est contraint de s'attacher à les contempler l'un après l'autre. La suite montrera que le rêve est aux deux tiers réalisé : Boris Taslitzky est un peintre qui peint et qui écrit.
Est-ce pour se défendre de ses propres qualités que dans un texte consacré à Jean Lurçat, il récuse ouvertement le manifeste talent d'écrivain que l'on rencontre parfois chez certains plasticiens ? « Quelque admirables que soient les écrits de Jean Lurçat, ils demeurent ce qu'il voulut qu'ils soient, une dépendance indispensable et un écho de son art de peintre, de tapissier. » Cependant, le principe, une fois établi, Boris Taslitzky n'a de cesse de le désavouer, de le déjouer, nommant Lurçat : « Poète des couleurs, des formes et des mots, […] ». Ainsi, il déclare : « Lurçat écrit comme il peint, comme il parle, délicat, mais tout en couleurs. » Cette fascination, pour la mise en équivalence de l'éloquence des écritures chez Lurçat se confirme lorsque Boris Taslitzky affirme : « Il écrivait comme d'autres dessinent et je dirais ici qu'il dessinait ce qu'il écrivait. Son écriture était d'une qualité et d'une beauté exceptionnelles. Très lisible et en elle-même œuvre d'art, faite d'arabesques qui se regardent avant de se déchiffrer, […] ».

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